19 décembre 2005
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Vous avez sans doute noté que les deux derniers haïkus n'étaient pas départis d'une certaine sensualité (voire d'une sensualité certaine pour celui de samedi). Je vais vous faire une confidence: ce n'étaient pas vraiment des haïkus, mais plutôt des senryûs.
Lorsque le thème est centré sur l'humain plus que sur la Nature, lorsqu'on y dépeint des traits de caractères, notamment de petits travers avec une certaine ironie, on parle alors plutôt de senryû. Il en est de même lorsque le poème contient une certaine auto-dérision (comme celui d'hier par exemple).
Il existe d'autres critères, notamment de forme, dont j'aurai l'occasion de reparler. Notez juste que le senryû possède une liberté de ton, une familiarité, que le haïku ne se permet généralement pas. Et notamment en matière d'érotisme. Jusqu'à l'époque de Bashô, le haïku ne parlait pas d'amour, des formes plus longues telles que le tanka y pourvoyaient. On y parlait encore moins de choses lestes.
Au XVIIè siècle, les choses s'assouplirent (si l'on peut dire), et nombre de senryûs sensuels ou ouvertement érotiques fleurirent. Une petite anthologie de haïkus érotiques a été ainsi rassemblée par Jean Cholley (éditions Picquier poche) et elle vaut le détour, dans une veine truculente et réjouissante. Chacun en prend pour son grade: le clergé, les couples légitimes et les autres, les courtisanes et les belle-mères, sans parler des veuves. Le senryû érotique était aussi l'occasion d'égratigner le pouvoir en place au travers de ses femmes, les dames du palais, brocardées pour leurs appétits et leur goût supposé pour des olisbos de plus en plus imposants. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques échantillons de ce petit livre tonique:
et ainsi de suite...
Pour ma part:
et ... c'est tout. Il y en a bien d'autres, mais comme dirait Bigard, j'aurais peur de passer pour un sentimental (si, c'est vite fait!)
Lorsque le thème est centré sur l'humain plus que sur la Nature, lorsqu'on y dépeint des traits de caractères, notamment de petits travers avec une certaine ironie, on parle alors plutôt de senryû. Il en est de même lorsque le poème contient une certaine auto-dérision (comme celui d'hier par exemple).
Il existe d'autres critères, notamment de forme, dont j'aurai l'occasion de reparler. Notez juste que le senryû possède une liberté de ton, une familiarité, que le haïku ne se permet généralement pas. Et notamment en matière d'érotisme. Jusqu'à l'époque de Bashô, le haïku ne parlait pas d'amour, des formes plus longues telles que le tanka y pourvoyaient. On y parlait encore moins de choses lestes.

les dames du palais
vous ont la mine
de ne pas en avoir envie
la dame du palais
a perdu un objet
dont elle n'ose s'enquérir
quand il dresse sont mât
l'épouse s'empresse alors
de prendre la barre
lassée que chaque nuit
il s'y glisse, la bonne fait son
lit en porte-feuille
vous ont la mine
de ne pas en avoir envie
la dame du palais
a perdu un objet
dont elle n'ose s'enquérir
quand il dresse sont mât
l'épouse s'empresse alors
de prendre la barre
lassée que chaque nuit
il s'y glisse, la bonne fait son
lit en porte-feuille
et ainsi de suite...
Pour ma part:
corps enchevêtrés
la lune les illumine
amants endormis
comme elle sent l'amour
ta peau inondée de sueur
sur le drap tout blanc!
fruits mûrs au soleil
ils dansent en liberté
tes deux seins de lait
la lune les illumine
amants endormis
comme elle sent l'amour
ta peau inondée de sueur
sur le drap tout blanc!
fruits mûrs au soleil
ils dansent en liberté
tes deux seins de lait