28 juillet 2006
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Hier, je mettais en ligne ce haïku:
que je partageais aussi sur haiku-fr. C'est un haïku un peu "expérimental", une tentative plus ou moins consciente pour faire ce pas plus loin dont je parlais il y a quelques jours.
J'ai vu les nuages sombres arriver très rapidement, comme si "on" versait de l'encre dans le ciel, un camaïeu de gris plus ou moins foncés que les éclairs ont ensuite diversement zébrés de lumière. Rapidement, la comparaison avec le sumi-e, cette technique de lavis japonais dont la sobriété me fascine, s'est imposée. Je n'ai pas longtemps hésité à utiliser la métaphore pour rendre compte de la vision que j'avais eue et de ses deux éléments saillants pour moi: le ciel noir et les éclairs. En principe, on n'explique pas un haïku, mais je le fais ici pour partager mon "chemin d'écriture".
Francis a trouvé l'idée intéressante, avec une possible réserve sur l'accord du verbe "étale" avec l'éclair, qui se trouve bien loin dans la phrase. Je reconnais que ma seconde ligne est un peu torturée, et j'ai simplifié comme suit:
qui est plus simple et sans doute plus intelligible. Cependant, il existe souvent une raison pour laquelle on s'arrête une première fois sur une formulation qui nous semble satisfaisante.
Ayant donc proposé la nouvelle version sur haiku-fr, je vois Francis revenir vers moi en notant que l'important était sans doute pour moi cette image d'encre, raison pour laquelle je l'ai placé en fin de ligne, ce qui n'est plus le cas de la seconde version. Je précise que je n'avais pas expliqué sur haiku-fr la vision qui a fait naître le haïku. Il semble tout de même que la première version ait bien fait son travail puisque Francis a saisi cela. Et en effet, même si la seconde version "coule" mieux du point de vue de la langue, elle est aussi moins forte parce que l'encre s'y trouve noyée au milieu de la deuxième ligne. L'intervention de Francis a eu le mérite de me ramener vers mon intention initiale qu'on ne devrait jamais perdre de vue. Sans cela, le haïku ne relève plus de l'expérience, il la trahit plus ou moins.
Francis m'a fait cette proposition:
C'est une formulation fluide, et qui a le mérite de présenter les éléments dans l'ordre de ma perception: les nuages, puis les éclairs. En outre, on passe de la Nature (les nuages, l'éclair) à l'humain (l'encre, le sumi-e). Une très intéressante proposition, très structurée, caractéristique de Francis, par ailleurs amateur d'échecs et de Go. Pour tout dire - et sa modestie dut-elle en souffrir- cette structuration parfaite des plans (visuels, philosophiques) me fait penser à Buson.
Quelque chose me dérange encore un peu, je ne sais pas quoi. Je vais donc laisser reposer un peu "la pâte" et y revenir un peu plus tard. Merci à Francis de son aide, avec un petit clin d'oeil car je sais qu'il me lit. J'espère que cela ne te gêne pas que je parle de toi ici, mais je veux illustrer par là l'importance de l'échange entre les haïjins.
Il peut arriver que l'on ressente l'impression de plafonner (c'est actuellement mon cas) ou pire, d'être dans une impasse. L'échange riche, franc et amical que l'on peut avoir avec d'autres passionnés est alors le plus puissant des remèdes.
un éclair blanc
des nuages étale l'encre -
sumi-e
des nuages étale l'encre -
sumi-e
que je partageais aussi sur haiku-fr. C'est un haïku un peu "expérimental", une tentative plus ou moins consciente pour faire ce pas plus loin dont je parlais il y a quelques jours.
J'ai vu les nuages sombres arriver très rapidement, comme si "on" versait de l'encre dans le ciel, un camaïeu de gris plus ou moins foncés que les éclairs ont ensuite diversement zébrés de lumière. Rapidement, la comparaison avec le sumi-e, cette technique de lavis japonais dont la sobriété me fascine, s'est imposée. Je n'ai pas longtemps hésité à utiliser la métaphore pour rendre compte de la vision que j'avais eue et de ses deux éléments saillants pour moi: le ciel noir et les éclairs. En principe, on n'explique pas un haïku, mais je le fais ici pour partager mon "chemin d'écriture".
Francis a trouvé l'idée intéressante, avec une possible réserve sur l'accord du verbe "étale" avec l'éclair, qui se trouve bien loin dans la phrase. Je reconnais que ma seconde ligne est un peu torturée, et j'ai simplifié comme suit:
un éclair blanc
étale l'encre des nuages -
sumi-e
étale l'encre des nuages -
sumi-e
qui est plus simple et sans doute plus intelligible. Cependant, il existe souvent une raison pour laquelle on s'arrête une première fois sur une formulation qui nous semble satisfaisante.
Ayant donc proposé la nouvelle version sur haiku-fr, je vois Francis revenir vers moi en notant que l'important était sans doute pour moi cette image d'encre, raison pour laquelle je l'ai placé en fin de ligne, ce qui n'est plus le cas de la seconde version. Je précise que je n'avais pas expliqué sur haiku-fr la vision qui a fait naître le haïku. Il semble tout de même que la première version ait bien fait son travail puisque Francis a saisi cela. Et en effet, même si la seconde version "coule" mieux du point de vue de la langue, elle est aussi moins forte parce que l'encre s'y trouve noyée au milieu de la deuxième ligne. L'intervention de Francis a eu le mérite de me ramener vers mon intention initiale qu'on ne devrait jamais perdre de vue. Sans cela, le haïku ne relève plus de l'expérience, il la trahit plus ou moins.
Francis m'a fait cette proposition:
des nuages
un éclair blanc étale l'encre --
sumi-e
un éclair blanc étale l'encre --
sumi-e
C'est une formulation fluide, et qui a le mérite de présenter les éléments dans l'ordre de ma perception: les nuages, puis les éclairs. En outre, on passe de la Nature (les nuages, l'éclair) à l'humain (l'encre, le sumi-e). Une très intéressante proposition, très structurée, caractéristique de Francis, par ailleurs amateur d'échecs et de Go. Pour tout dire - et sa modestie dut-elle en souffrir- cette structuration parfaite des plans (visuels, philosophiques) me fait penser à Buson.
Quelque chose me dérange encore un peu, je ne sais pas quoi. Je vais donc laisser reposer un peu "la pâte" et y revenir un peu plus tard. Merci à Francis de son aide, avec un petit clin d'oeil car je sais qu'il me lit. J'espère que cela ne te gêne pas que je parle de toi ici, mais je veux illustrer par là l'importance de l'échange entre les haïjins.
Il peut arriver que l'on ressente l'impression de plafonner (c'est actuellement mon cas) ou pire, d'être dans une impasse. L'échange riche, franc et amical que l'on peut avoir avec d'autres passionnés est alors le plus puissant des remèdes.