Je viens de voir un spectacle des plus réjouissants. Si vous aimez l'art lyrique et que vous passez par Paris, vous allez vous régaler. Si vous ne connaissez pas ou croyez ne pas aimer, Raphaëlle
Farmann (soprano) et Jacques Gay vont vous faire découvrir le lyrique de la plus agréable et vivante des façons. Deux grandes voix, deux tempéraments d'enfer, ils ont monté ensemble la compagnie
Opéra en fête, qui produit donc aujourd'hui ces succulentes aventures
de la Diva et du toréador.
L'argument (un peu de culture : on ne parle pas de l'histoire d'un opéra, encore moins de son scénario, mais de son argument) : une veuve riche et point trop éplorée fait la connaissance d'un
toréador célèbre et un tantinet imbu de sa personne. C'est bien sûr le coup de foudre, très vite compromis par un léger quiproquo ... que je ne dévoilerai pas évidemment !
De cette situation de départ, veuve joyeuse mâtinée de Carmen et de vaudeville, va découler un spectacle jouissif, prétexte à entendre de grands airs du répertoire lyrique, de l'opérette, et même
de comédies musicales ou de jazz.
Cette "fantaisie lyrique" (appellation controlée ;-) menée à un rythme d'enfer réjouira autant les novices en matière de bel canto que les connaisseurs (mais pas les puristes, mais on s'en
moque). Les premiers découvriront (ou redécouvriront) des airs célèbres, les seconds goûteront avec délice un humour au second degré. Pêle-mêle, on entend passer le brindisi de la Traviata, l'air du toreador de Carmen, le
Don Juan de Mozart qui, par le génie des variations de l'excellent pianiste Fabrice Coccitto, débouche sur West Side Story, Véronique, la Veuve Joyeuse, la Vie parisienne et j'en passe !
Le tout est servi par l'enthousiasme des interprètes impeccables, qui s'amusent comme des petits fous pour le plus grand plaisir du public. Outre le pianiste déjà cité, Raphaëlle Farmann est une
diva charmante, capricieuse et piquante (en cuir noir, c'est pas triste ...) et Jacques Gay un toréador attachant qui n'a pas peur de l'autodérision (la séquence du gondolier est à se
tordre) .
C'est une excellente manière de populariser l'art lyrique. Encore une fois, seuls les puristes pour qui ce genre de musique s'écoute la tête dans les mains avec un air pincé n'aimeront pas, mais
qu'importe ?
Bref, un spectacle excellent à déguster sans réserve jusqu'au 17 décembre au théâtre de la Gaîté-Montparnasse.