25 novembre 2005
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16:35
Le Japon a toujours exercé une fascination qui frise en bien des occasions l'irrationnel.
Le corollaire de cette fascination est ce que j'appellerai "le complexe du gaïjïn" (gaïjïn : étranger)
La culture, l'art, la langue, la société japonaise sont il est vrai si particuliers qu'on admet généralement l'idée qu'il faut être japonais pour réellement les comprendre.
De là, une idée insidieuse: pour pratiquer quelque chose venu du Japon, il faut être japonais, sinon ce ne sera qu'une pâle imitation.
Lorsque, enfant, j'ai démarré la pratique du judo, on pensait en effet que nous ne pourrions jamais maîtriser que la technique, soit l'aspect extérieur de l'Art souple. Il subsisterait toujours quelque chose de spirituel, de presque mystique et accessible uniquement aux Japonais, et qui expliquerait qu'ils soient toujours les meilleurs, en un mot, les vrais judokas.
Et puis, en une magistrale et dernière projection, Anton Geesink, premier judoka médaille d'or olympique non japonais, a fait mordre le tatami à cette idée romantique.
Nous avions il y a quelque jours une discussion similaire sur le haïku sur la liste de diffusion de l'AFH (Association Française de Haïku). Par respect, certains n'osaient appeler que tercets les haïkus non issus du Japon. S'ensuivit une discussion comme toujours riche et amicale sur ce thème.
Voici ce que j'ai posté sur la liste, et qui fut semble-t-il apprécié:
Je supervise la traduction du site web de mon entreprise dans de nombreuses langues, y compris le japonais. Je discutais de haïkus en déjeunant avec une responsable (japonaise) de notre agence de traduction. Elle ignorait qu'il y eut des haïkus en Français. Je l'ai redirigée sur les sites d'André Duhaime et de Serge Tomé. Ce qui l'étonnait était qu'on puisse faire du 5-7-5 (ce qui montre que c'était pour elle un aspect important) en Français.
Quelques jours plus tard, elle m'a envoyé un message, ravie d'avoir lu des haïkus du monde entier, auxquels elle ne contestait nullement cette appellation. Petite joie perso: elle a traduit l'un des miens en japonais pour l'envoyer à ses amis en précisant que c'était à l'origine un haïku français. Elle précise qu'elle n'a pas réussi cependant à faire un 5-7-5 en Japonais.
Ce que j'en déduis:
Bref, et à mon humble avis:
alors, c'est un haïku.
Je terminerai par cette pirouette: quand David Douillet marque un ipon, se demande-t-on s'il fait autre chose que du Judo parce qu'il n'est pas japonais?
Chaque peuple a son génie propre. Il rayonne et influence les autres peuples, qui s'emparent des éléments qui les intéressent et les réinterprètent avec leur propre génie.
Le haïku est une forme poétique qui s'est répandue dans le monde entier. Nous, francophones, avons su l'adapter à la langue française, il en est de même des anglophones, des russophones etc.
N'ayons donc pas de complexes, travaillons et progressons dans l'écriture de nos haïkus en Français.
Le corollaire de cette fascination est ce que j'appellerai "le complexe du gaïjïn" (gaïjïn : étranger)
La culture, l'art, la langue, la société japonaise sont il est vrai si particuliers qu'on admet généralement l'idée qu'il faut être japonais pour réellement les comprendre.
De là, une idée insidieuse: pour pratiquer quelque chose venu du Japon, il faut être japonais, sinon ce ne sera qu'une pâle imitation.
Lorsque, enfant, j'ai démarré la pratique du judo, on pensait en effet que nous ne pourrions jamais maîtriser que la technique, soit l'aspect extérieur de l'Art souple. Il subsisterait toujours quelque chose de spirituel, de presque mystique et accessible uniquement aux Japonais, et qui expliquerait qu'ils soient toujours les meilleurs, en un mot, les vrais judokas.
Et puis, en une magistrale et dernière projection, Anton Geesink, premier judoka médaille d'or olympique non japonais, a fait mordre le tatami à cette idée romantique.
Nous avions il y a quelque jours une discussion similaire sur le haïku sur la liste de diffusion de l'AFH (Association Française de Haïku). Par respect, certains n'osaient appeler que tercets les haïkus non issus du Japon. S'ensuivit une discussion comme toujours riche et amicale sur ce thème.
Voici ce que j'ai posté sur la liste, et qui fut semble-t-il apprécié:
Je supervise la traduction du site web de mon entreprise dans de nombreuses langues, y compris le japonais. Je discutais de haïkus en déjeunant avec une responsable (japonaise) de notre agence de traduction. Elle ignorait qu'il y eut des haïkus en Français. Je l'ai redirigée sur les sites d'André Duhaime et de Serge Tomé. Ce qui l'étonnait était qu'on puisse faire du 5-7-5 (ce qui montre que c'était pour elle un aspect important) en Français.
Quelques jours plus tard, elle m'a envoyé un message, ravie d'avoir lu des haïkus du monde entier, auxquels elle ne contestait nullement cette appellation. Petite joie perso: elle a traduit l'un des miens en japonais pour l'envoyer à ses amis en précisant que c'était à l'origine un haïku français. Elle précise qu'elle n'a pas réussi cependant à faire un 5-7-5 en Japonais.
Ce que j'en déduis:
- les non-Japonais ont parfois un complexe vis à vis d'une culture et même d'un "état" japonais très spécial et mystérieux, qui les empêcherait, quoi qu'ils fassent, d'aborder les arts japonais.
- Inversement, les Japonais semblent s'en moquer éperdument. Du reste, s'ils avaient le même complexe vis-à-vis de l'Occident, il n'y aurait ni Canon, ni Nikon, ni Yamaha, ni dessins animés, ni etc ....
- Le 5-7-5 semble leur tenir à coeur (comme pour Philippe Costa dans son "Manuel pour écrire des Haïkus")
- mais pas quand il s'agit d'un haïku traduit depuis une langue étrangère (et là, Maurice Coyaud les rejoint sur ce point dans la préface des "Fourmis ..." et nombre d'entre vous).
Bref, et à mon humble avis:
- si c'est court (moins de 20 syllabes), si possible avec un rythme ternaire court/long/court (pas obligatoire)
- s'il n'y a pas de métaphores "lourdes" ou de comparaisons directes
- s'il y a une ouverture et/ou une certaine distance prise vis à vis de la chose vue et transmise
- s'il y a de l'humour, de la dérision ou de l'autodérision
- si à la lecture vous voyez la chose ou vivez la situation,
alors, c'est un haïku.
Je terminerai par cette pirouette: quand David Douillet marque un ipon, se demande-t-on s'il fait autre chose que du Judo parce qu'il n'est pas japonais?
Chaque peuple a son génie propre. Il rayonne et influence les autres peuples, qui s'emparent des éléments qui les intéressent et les réinterprètent avec leur propre génie.
Le haïku est une forme poétique qui s'est répandue dans le monde entier. Nous, francophones, avons su l'adapter à la langue française, il en est de même des anglophones, des russophones etc.
N'ayons donc pas de complexes, travaillons et progressons dans l'écriture de nos haïkus en Français.