30 novembre 2005
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Vous l'aurez remarqué dans le billet précédent, mais les haïkus font souvent référence à une saison.
C'est le haïku classique, celui des Maîtres des 17è, 18è et 19è siècles tels que Bashô, Buson, Issa, Ryokân, Shiki ...
C'est le kigo, le "mot de saison", qui ancre le haïku dans la réalité et notamment dans le cycle naturel que nous oublions souvent, dans un monde où on trouve à peu près n'importe quel fruit ou légume n'importe quand par le jeu des importations du monde entier.
A l'époque du haïku classique, le cycle des saisons était beaucoup plus présent dans la vie de tous les jours, et le kigo renvoyait à ce cycle.
Comme toute règle établie depuis longtemps, celle-ci était faite pour être bousculée un jour, ce qui fit Hekigodo (1873-1937), élève de Shiki, pour lequel le kigo était "une chaîne rivée à un corps vivant" . Hekigodo (et ses élèves par la suite) explora les interdits du haïku, s'attirant les foudres de son ami d'enfance Kyoshi, également élève de Shiki et gardien scrupuleux de l'orthodoxie.
Personnellement, étant donné mon amour de la Nature, j'aime bien le kigo. Bien entendu, lorsqu'on débute on arrive un peu avec ses gros sabots: "promenade en automne", "orage d'été" etc. Ce n'est toutefois pas un mal: pourquoi faire compliqué s'il suffit de faire simple? Le kigo peut-être aussi plus subtil, ainsi évoquer le départ des hirondelles suffit à signifier la transition entre deux saisons:
(Notez qu'ici, j'utilise une légère métaphore, ce qui pourrait me valoir les foudres des partisans de l'orthodoxie. Tant pis, c'est l'un des premiers haïkus que j'ai écrit, et il me plait comme cela. Non mais!)
De même, parler des bourgeons suffira à signifier le printemps tandis que les mandarines évoqueront immédiatement l'hiver.
L'usage du kigo dans le haïku classique était si répandu qu'on y a consacré des almanachs appelés saïjiki. On pourrait dire que le saïjiki est un peu au haïku ce que le dictionnaire de rimes était à la poésie française, un outil important et fort utile pour les bons poètes ... une béquille (où une chaîne, effectivement) pour les autres!
Voici deux exemples des ces éphémérides poétiques en Français:
Je pense aussi que vous comprenez maintenant pourquoi j'ai inscrit les quatre saisons dans les catégories de ce blog.
C'est le haïku classique, celui des Maîtres des 17è, 18è et 19è siècles tels que Bashô, Buson, Issa, Ryokân, Shiki ...
C'est le kigo, le "mot de saison", qui ancre le haïku dans la réalité et notamment dans le cycle naturel que nous oublions souvent, dans un monde où on trouve à peu près n'importe quel fruit ou légume n'importe quand par le jeu des importations du monde entier.
A l'époque du haïku classique, le cycle des saisons était beaucoup plus présent dans la vie de tous les jours, et le kigo renvoyait à ce cycle.
Comme toute règle établie depuis longtemps, celle-ci était faite pour être bousculée un jour, ce qui fit Hekigodo (1873-1937), élève de Shiki, pour lequel le kigo était "une chaîne rivée à un corps vivant" . Hekigodo (et ses élèves par la suite) explora les interdits du haïku, s'attirant les foudres de son ami d'enfance Kyoshi, également élève de Shiki et gardien scrupuleux de l'orthodoxie.
Personnellement, étant donné mon amour de la Nature, j'aime bien le kigo. Bien entendu, lorsqu'on débute on arrive un peu avec ses gros sabots: "promenade en automne", "orage d'été" etc. Ce n'est toutefois pas un mal: pourquoi faire compliqué s'il suffit de faire simple? Le kigo peut-être aussi plus subtil, ainsi évoquer le départ des hirondelles suffit à signifier la transition entre deux saisons:
Elles sont parties
les hirondelles, emportant
l'été sur leurs ailes
les hirondelles, emportant
l'été sur leurs ailes
(Notez qu'ici, j'utilise une légère métaphore, ce qui pourrait me valoir les foudres des partisans de l'orthodoxie. Tant pis, c'est l'un des premiers haïkus que j'ai écrit, et il me plait comme cela. Non mais!)
De même, parler des bourgeons suffira à signifier le printemps tandis que les mandarines évoqueront immédiatement l'hiver.
L'usage du kigo dans le haïku classique était si répandu qu'on y a consacré des almanachs appelés saïjiki. On pourrait dire que le saïjiki est un peu au haïku ce que le dictionnaire de rimes était à la poésie française, un outil important et fort utile pour les bons poètes ... une béquille (où une chaîne, effectivement) pour les autres!
Voici deux exemples des ces éphémérides poétiques en Français:
- le saïjiki de Seegan MABESOONE: http://www.threeweb.ad.jp/logos/saijiki/
- celui de Ryu Yotsuya
Je pense aussi que vous comprenez maintenant pourquoi j'ai inscrit les quatre saisons dans les catégories de ce blog.