Dans ma série sur l'orage il y a deux jours, Anna, Marcel et Philippe ont unanimement préféré le
dernier.
C'est un haiku assez sombre, en accord avec le temps gris, humide et frais qui sévit également aujourd'hui. Curieusement, ce temps m'avait rappelé cette strophe de Henry Longfellow:
And our hearts, though stout and brave
Still, like muffled drums are beating
Funeral marches to the grave
(Longfellow, A Psalm of Life, in Voices of the Night)
Cette strophe m'avait frappé lorsque je l'avais entendue pour la première fois au lycée. Charles Baudelaire s'en était
largement inspiré pour un passage d'un poème des Fleurs du Mal:
Loin des sépultures célèbres,
Vers un cimetière isolé
Mon cœur, comme un tambour voilé,
Va battant des marches funèbres
(Baudelaire, Le Guignon)
La traduction/adaptation de Baudelaire m'avait parue assez lourde, mais l'original m'était tombé dans l'oreille et n'en était jamais ressorti. Curieusement, le poème de Longfellow est assez
optimiste, c'est la réponse d'un jeune homme plein d'espoir à un vieux psalmiste désabusé et fatigué de la vie. Mais la strophe extraite par Baudelaire, isolée de son contexte, est glaçante.
Sans doute est-ce ce temps maussade et déprimant, après une semaine de plein été, qui me l'a remise en mémoire et inspiré du même coup le haiku qui a frappé mes trois amis.