7 juillet 2006
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10:03
Lorsqu'on découvre le haïku en s'inscrivant sur des listes de diffusion telles que haiku-fr, on est souvent frappé par ces petits L1, L2, L3 dont sont truffés les messages des intervenants. Cela désigne tout simplement les trois lignes du haïku, ou plutôt les trois "temps".
En effet, la disposition sur trois lignes est purement conventionnelle et très occidentale. Il est fréquent de tout inscrire sur une seule ligne en Japonais, et on pourrait faire de même ou bousculer autrement cette convention. Il y a deux jours, je me suis ainsi essayé à un senryû sur quatre lignes parce qu'il me semblait que cela servait le sujet :
Les trois lignes du haïku ont cependant chacune leur fonction propre, qui diffère selon les écoles et les poètes.
Un exemple simple et très visuel, voire cinématographique:
L1: plan large
L2: plan moyen
L3: plan rapproché
Ainsi dans ce haïku de Buson:
le regard du lecteur est guidé vers le détail final qui rend l'évocation très forte.
Bien sûr, il ne s'agit pas là d'une règle absolue, et il est possible au contraire de partir d'un détail et d'élargir la vision comme ici Ryôkan:
tout dépend de l'effet souhaité par le poète.
Je ne cache pas que je ne maîtrise pas encore toutes ces subtilités. Sur la liste haiku-fr, Francis insiste souvent sur l'impact du dernier mot de la dernière ligne (L3 donc). La chose la plus importante devrait donc terminer le haïku. Cela se défend, mais comme la grande force du haïku est par ailleurs de suggérer, on pourrait aussi se dire qu'il est préférable au contraire d'atténuer quelque peu le temps fort en le "dissimulant" dans le corps du haïku plutôt qu'en en faisant le point d'orgue. Je n'ai pas encore de position claire sur ce sujet, mais voici une petite expérience sur un haïku récent:
si je change ceci en:
Qu'en pensez-vous? Quelle version préférez-vous et pourquoi?
En effet, la disposition sur trois lignes est purement conventionnelle et très occidentale. Il est fréquent de tout inscrire sur une seule ligne en Japonais, et on pourrait faire de même ou bousculer autrement cette convention. Il y a deux jours, je me suis ainsi essayé à un senryû sur quatre lignes parce qu'il me semblait que cela servait le sujet :
de son épaule nue
la bretelle de la robe
glisse
complice
la bretelle de la robe
glisse
complice
Les trois lignes du haïku ont cependant chacune leur fonction propre, qui diffère selon les écoles et les poètes.
Un exemple simple et très visuel, voire cinématographique:
L1: plan large
L2: plan moyen
L3: plan rapproché
Ainsi dans ce haïku de Buson:
la rivière d'été
passée à gué, quel bonheur
les savates à la main
passée à gué, quel bonheur
les savates à la main
le regard du lecteur est guidé vers le détail final qui rend l'évocation très forte.
Bien sûr, il ne s'agit pas là d'une règle absolue, et il est possible au contraire de partir d'un détail et d'élargir la vision comme ici Ryôkan:
ramassant du bois
puis traversant le pont
dans la brume du soir
puis traversant le pont
dans la brume du soir
tout dépend de l'effet souhaité par le poète.
Je ne cache pas que je ne maîtrise pas encore toutes ces subtilités. Sur la liste haiku-fr, Francis insiste souvent sur l'impact du dernier mot de la dernière ligne (L3 donc). La chose la plus importante devrait donc terminer le haïku. Cela se défend, mais comme la grande force du haïku est par ailleurs de suggérer, on pourrait aussi se dire qu'il est préférable au contraire d'atténuer quelque peu le temps fort en le "dissimulant" dans le corps du haïku plutôt qu'en en faisant le point d'orgue. Je n'ai pas encore de position claire sur ce sujet, mais voici une petite expérience sur un haïku récent:
inlassablement
les moineaux dans les mûriers
chantent en canon
les moineaux dans les mûriers
chantent en canon
si je change ceci en:
chantant en canon
les moineaux dans les mûriers
inlassablement
Il y a en effet une différence dans ce qui "reste" après la lecture.les moineaux dans les mûriers
inlassablement
Qu'en pensez-vous? Quelle version préférez-vous et pourquoi?