La météo est toujours aussi mauvaise, et je n'ai pas envie aujourd'hui d'écrire encore sur la bruine, la grisaille et le reste.
J'ai plutôt envie de revenir sur Ryôkan, le moine-poète aux mille facettes. Non content d'être un grand poète et d'avoir écrit des commentaires d'une remarquable subtilité sur certains sutras (textes bouddhistes), Ryôkan ne dédaignait pas l'ironie, la malice, voire la dérision. C'est loin d'être incompatible avec le Zen, cela dit. Dégonfler les baudruches est souvent un bon moyen de faire comprendre ce qu'est le lâcher-prise.
Ryôkan a peut-être ainsi été amusé par la vénération un peu outrée dont était l'objet Bashô, son grand prédécesseur. On l'imagine écrivant, avec un sourire en coin :
je me mesure au bananier
de mon jardin
Sachant que "bananier" se dit "bashô" (niwa no bashô to), notre Ryôkan ne semble pas mécontent que son ombre au clair de lune soit peut-être plus grande que le bananier, à moins que l'on ne parle de poésie ...
De même, au fameux :
une grenouille plonge
le bruit de l'eau
de Bashô, Ryôkan répond :
une grenouille plonge
pas le moindre bruit !
L'impertinence ne m'étant pas étrangère, je ne vois pas de raison de ne pas m'en mêler :
jeune ou vieille mare
j'y saute à pieds joints
plouf ! j'éclabousse